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Alors que les inondations se multiplient en France, une nouvelle taxe fait des remous. La taxe Gemapi, surnommée « taxe inondation », s’impose progressivement dans l’Hexagone. Mais qui paie ? Pour quoi faire ? Et surtout, jusqu’où ira la facture ?
Aux origines du déluge fiscal
La taxe Gemapi n’est pas tombée du ciel. Née en 2018, elle découle de la loi de modernisation de l’action publique territoriale. Son objectif ? Financer la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Une noble intention, certes, mais qui soulève des vagues d’incompréhension chez de nombreux contribuables.
Car si cette taxe est facultative, de plus en plus de communes y succombent. En 2020, elle a déjà rapporté la coquette somme de 204 millions d’euros. Un chiffre qui donne le vertige, surtout quand on sait que près de la moitié des 35 000 communes françaises l’ont adoptée. Mais pourquoi un tel engouement ? Certains y voient une bouée de sauvetage face à la disparition programmée de la taxe d’habitation.
Dans les méandres de la taxe Gemapi
Concrètement, à quoi sert cet argent ? La liste est longue : protection des zones humides, entretien des cours d’eau, aménagement de bassins versants… Autant de travaux titanesques pour lutter contre les caprices de Dame Nature. Car ne nous y trompons pas, le dérèglement climatique n’arrange rien. Les tempêtes s’intensifient, les pluies diluviennes se multiplient, et les assureurs commencent à trembler face à l’explosion de la sinistralité climatique.
Mais voilà, ces chantiers ont un coût. Et si les communes peuvent obtenir des subventions, elles n’hésitent pas à répercuter une partie de la facture sur les contribuables. Un choix qui fait grincer des dents, surtout dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. D’autant que certaines grandes villes n’y vont pas avec le dos de la cuillère, augmentant la taxe foncière de plus de 10% !
Qui trinque ?
Rassurez-vous, locataires, vous passez entre les gouttes. La taxe Gemapi vise principalement les propriétaires, qu’il s’agisse de résidences principales ou secondaires. Les entreprises ne sont pas en reste, leurs locaux étant également dans le collimateur. Plus précisément, sont concernés tous ceux qui s’acquittent déjà de la taxe foncière, de la taxe d’habitation ou de la Cotisation Foncière des Entreprises.
Mais attention, car la facture pourrait bien s’alourdir. Actuellement plafonnée à 40 euros par habitant, la taxe Gemapi pourrait voir son plafond sauter dès 2023, grâce à la loi 3DS sur la décentralisation. De quoi faire monter la pression chez les contribuables, déjà échaudés par la hausse du coût de la vie.
Un impôt qui fait des vagues
Face à cette nouvelle ponction fiscale, les réactions ne se font pas attendre. Certains dénoncent une double peine, arguant qu’ils paient déjà des impôts pour l’entretien des infrastructures. D’autres pointent du doigt l’inégalité de traitement entre les communes, certaines étant plus exposées aux risques d’inondation que d’autres.
Les défenseurs de la taxe, eux, insistent sur son caractère préventif. Mieux vaut prévenir que guérir, disent-ils, soulignant le coût astronomique des dégâts causés par les inondations. Un argument qui ne convainc pas tout le monde, surtout dans les zones jamais touchées par ce type de catastrophe.
Vers une marée montante de protestations ?
La grogne monte, et certains élus commencent à s’inquiéter. Car si la taxe Gemapi peut apparaître comme une manne providentielle pour les finances locales, elle pourrait bien se transformer en boulet électoral. D’autant que son application soulève de nombreuses questions. Comment est calculé le montant par foyer ? Que se passe-t-il pour les multipropriétaires ? Autant d’interrogations qui restent en suspens.
Face à ces remous, certaines communes choisissent la transparence, détaillant l’utilisation des fonds collectés. D’autres optent pour une application progressive de la taxe, histoire de ne pas noyer leurs administrés sous une vague fiscale trop brutale. Mais ces efforts suffiront-ils à apaiser les esprits ?
Un défi pour l’avenir
Au-delà des considérations financières, la taxe Gemapi soulève des questions plus profondes sur notre rapport à l’environnement. Comment concilier développement urbain et respect des écosystèmes ? Faut-il repenser notre façon d’habiter les territoires à risque ? Ces réflexions dépassent largement le cadre d’un simple impôt local.
Car si la prévention des inondations est un enjeu crucial, elle ne peut se résumer à une simple ponction fiscale. Formation des citoyens aux gestes qui sauvent, aménagement raisonné du territoire, innovations technologiques… Les pistes sont nombreuses pour faire face aux défis climatiques qui nous attendent.
La taxe Gemapi n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Face à l’urgence climatique, notre société devra sans doute consentir à d’autres efforts, financiers ou non. Reste à savoir si nous saurons naviguer dans ces eaux troubles sans perdre le cap de la solidarité et de l’équité.